Nous nous sommes mariés par un jour de printemps,
Sans prêtre, sans mairie, sans amis ni parents.
Nous n'avions tout au plus les moins que vingt ans,
Mais un désir d'adulte brûlait nos cœurs d'enfants.
L'amour en une nuit émancipa nos cœurs,
Nous étions enlacés, honte de bonheur.
Dans vos yeux agrandis ne passait nulle peur,
Car la jeunesse rit quand l'enfance se meurt.
Le palais de nos chimères nous l'avions bâti sur l'horizon,
Et nous ceinturions la terre et les mois comme des vagabonds,
Pour s'abreuver à la source
de l'amour cet éternel printemps.
Nous nous partageions la mousse du château de la Rose des vents.
A présent je suis seul,
je marche toujours,
Mais quand je sentirai venir mon dernier jour,
Sur la tombe où les gens reposent,
mon amour heureux,
J'irai m'étendre et mourir à mon tour.
Et sous la même croix nos deux corps dormiront,
Nos yeux seront cernés par le même horizon,
Et de la même terre nos bouches s'enfuiront,
Quand pour l'éternité nos âmes s'uniront.
Le palais de nos chimères a croulé avec mes illusions,
Et sous le poids de ces pierres
se les arde un cœur de vagabond.
Mon passé qui me domine me pousse à errer partout les temps,
Et dormir parmi les ruines du château de la Rose des vents.