Le plus humble des paysans peut se vanter d'avoir un fils,
Et moi,
pauvre parmi les grands,
je n'aurai que des édifices
Qui me survivront quelque temps,
De Joséphine, des caprices, quelques larmes,
Mais pas d'enfant.
Ah ! si j'avais un enfant d'aile,
Un enfant qui aurait mes ailes,
Et mon bec,
mais son ventre est sec !
Le plus pauvre de mes soldats,
Le jour de son dernier supplice,
Agonisant sur son barda,
Peut penser que son sacrifice,
Et que son dernier souffle va
Donner le bonheur à ses fils,
Mon dernier soldat, mais pas moi !
Ah ! si j'avais un enfant d'aile,
Un enfant qui aurait mes ailes,
Et mon bec,
mais son ventre est sec !
Tout derrière moi, rien devant,
Ma vie se chante de myosotis,
Ma vie n'est qu'un passé vivant,
Ma vie n'est qu'un vaste jadis,
J'ai beau danser depuis dix ans,
Dans le lit de l'impératrice,
Elle ne m'a pas donné d'enfant.
Ah ! si j'avais un enfant d'aile,
Un enfant qui aurait mes ailes,
Et mon bec,
mais son ventre est sec ! Et cet enfant,
je ne l'aurai pas,
J'oserai finir le ventre plat.