Écris-moi,
Joséphine,
Apaise mon chagrin.
Ton absence est un cri brûlant,
Un poignard dans mes reins.
Si tu as besoin d'argent,
Fais-en part à mon frère,
Il porte de cent louis pour toi.
Tu ne m'as pas parlé
de tes affaires,
Dieu,
que c'est loin Paris.
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
Junot vient à Paris,
Rapporte et vendra pour.
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
Reviens-moi avec lui.
Est-ce bien vrai,
Murat m'écrit,
Que tu ne viendras pas,
Que tu es enceinte d'un petit,
D'un tout petit soldat ?
Je ne verrai donc pas
Ton joli petit ventre
Et tes pauvres yeux lamers.
Sache que Joséphine
est le centre,
Le cœur du combat.
Paris,
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
La victoire volera
comme un porte-drapeau.
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
Jusqu'au fond de tes doigts.
Écris-moi, Joséphine,
Écris à ton ami,
Écris à ton amant Que l'absence assassine.
Écris, écris, écris,
Même tant pis,
Si ta plume me brûle,
Me brise,
me tue.
Écris-moi tes mots fous, Violents,
ridicules.
Écris-moi des mots crues.
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
Ton image est plantée dans moi Comme un drapeau.
Que je t'aime tant,
Que je t'aime trop.
Ton corps,
c'est mon épée.
Ma vie,
mon cœur me prend.